Selon les comités, les objets et matériaux vecteurs de la fête diffèrent, mais plusieurs éléments communs ont une symbolique particulière, notamment pour le défilé et pour les élections des commissions.
Si l’aiguillon fait le lien direct avec l’ancien métier des bouviers, d’autres artefacts importants sont utilisés durant l’ensemble de la fête (intronisation ou encore défilé) : chars, écharpe, triomphe, cocarde, coussin des cocardes, nœud des présidents, bouquet, foulard de conscrit, soleil, etc. Certains sont communs aux différents comités, quand d’autres ne sont utilisés que par une ou plusieurs communes.
Plusieurs éléments sont à noter sur les deux illustrations : le triomphe (table portant les produits de la terre qui seront bénis durant la messe) en premier plan, porté par quatre enfants, les différents couples qui forment la commission, reconnaissables par leurs écharpes, et l’Aiguillon près du roi et de la reine. Ces deux clichés pris à une quarantaine d’années d’intervalle et issus de deux communes différentes témoignent de pratiques, objets et rituels conservés d’année en année.
Les chars
Ils représentent pour la communauté le fruit d’un long travail, amènent l’animation au corso et contribuent à la renommée de ces fêtes. Leur fabrication est, pour la communauté, un moment de retrouvailles et de partage, important pour tous les acteurs de la fête, jeunes ou moins jeunes. Sa fabrication nécessite un certain savoir-faire, qui se transmet au fil des générations. Sa réalisation est complexe et nécessite de nombreux matériaux (bois, métal, carton, papier de soie ou crépon pour la fabrication des fleurs, dites roses, etc.). Des dizaines de milliers de fleurs (roses) sont apposées sur la structure, une à une, ce qui représente un travail long et minutieux pour un rendu coloré le jour du défilé. D’autres éléments matériels sont à rattacher aux chars, telle la machine à « frapper » les fleurs (découpage des fleurs).
Les écharpes
Pour le président, la présidente ou le roi, la reine ; pour le dauphin, la dauphine ou même pour les miss à Beaumont-lès-Valence, l’écharpe permet d’identifier et différencier chaque grade. L’écharpe des présidents et rois est de couleur bleu, blanc, rouge. Pour les autres grades, la couleur varie. De nos jours, elles sont fabriquées par le roi, par une entreprise ou par un membre du comité ayant des aptitudes pour la couture (Fauconnières).
L’aiguillon, ou fourche
Ce long bâton muni d’une pointe était utilisé par les bouviers pour piquer les bœufs et les faire avancer. Le roi ou président y accroche son ruban ou écharpe comme « témoin de son passage » avec son nom, son prénom (et celui de sa femme) et la date de règne ou de présidence. Il est le symbole de la fête et a une valeur importante puisqu’il supporte les écharpes de tous les anciens rois.
Le triomphe
La bénédiction du pain est une tradition qui se perpétue. Sous forme de « table » en bois à quatre bras, portés par des enfants, le « triomphe » transporte généralement le pain à l’église pour recevoir la bénédiction. À Fauconnières, les jeunes porteurs sont choisis par le président, l’idéal étant qu’ils soient de la même taille. Ce pain, issu du blé, symbolise le travail de la terre et est béni à l’église le dimanche matin sous les yeux de la commission (illustration 18). Parfois d’autres éléments, des fleurs, des pognes (brioche locale), le vin du Bacchus ou encore des outils de labour sont ajoutés. Ce port du triomphe marque généralement les enfants, car il leur permet de faire partie du défilé. Le triomphe peut aussi être transporté sur une voiture, avant que les enfants le portent jusqu’à l’église.
La cocarde
Cette décoration est attribuée à certains membres des comités. La signification varie selon les comités. À Fauconnières, la cocarde est une pastille ronde autocollante avec l’image de l’église du village. Elle permet de quantifier toutes les personnes qui viennent déguster les bugnes et le vin blanc chez les présidents de l’année, le dimanche matin. À Beaumont-Monteux, la cocarde est bleu, blanc et rouge, avec l’année de présidence. Le Bacchus sortant intronise officiellement le nouveau Bacchus en lui donnant sa cocarde qui sera portée durant le corso comme signe de distinction. À Upie, on compte trois cocardes différentes : l’une est tricolore, destinée aux classards ; la seconde, sur laquelle est brodée une paire de bœufs travaillant la terre menés par un bouvier, est destinée au public de la fête ; la troisième, ornée des armoiries de la commune, est attribuée aux anciens rois. Beaumont-lès-Valence n’a plus de cocarde.
La coupe du Bacchus
Emblème du Bacchus, cette coupe réversible se transmet de génération en génération et utilisée par le Bacchus et sa femme à l’arrière du corso, pour servir le vin. Depuis 2007, à Beaumont-Monteux, le verre distribué par l’ancien Bacchus au nouveau est gravé avec le prénom de ce dernier