L’une des spécificités conservées de ces fêtes est l’élection d’une commission, choisie pour quatre ou cinq ans. Cette tradition est issue des premières fêtes qui voyaient l’élection d’un « roi des bouviers ». De nos jours, selon les comités, l’organisation de la commission change.
À Montoison, par exemple, le « baron » est « le dernier arrivé dans la dynastie royale » [témoignage d’Henri Badar, à Montoison]. Il est choisi par le « roi » et la « reine » et son rôle durant l’année n-2 est d’apprendre et d’observer. Il deviendra l’année suivante (année n-1) le dauphin, puis le roi la troisième année (année n). L’année suivant son « règne » (année n+1), il sera le Bacchus. Le « roi » ou « président » est ainsi choisi trois ou quatre ans avant l’année de son « règne » ou de sa « présidence ».
Les membres de la commission sont aujourd’hui des couples composés de deux personnes : une femme et un homme. Avant les années 1960-1970, la commission était composée uniquement d’hommes. Dans le registre des présidents de la commission de Fauconnières (1928-2021), on remarque la présence des femmes dans la commission à partir de l’année 1967
Tous les membres de la commission portent une écharpe servant à distinguer la fonction de chaque personne, dont les couleurs varient selon les comités. Seule l’écharpe du président et de la présidente, ainsi que celle du roi et de la reine, est tricolore (bleu, blanc, rouge). Les autres personnages portent une écharpe d’un seul coloris. À Fauconnières, par exemple, l’écharpe est verte pour le vice-président et la vice-présidente, bleu foncé pour le deuxième vice-président et la deuxième vice-présidente, bleu clair pour le troisième vice-président et la troisième vice-présidente, violette pour le Bacchus et sa femme. Ils distribuent également une écharpe blanche aux nouveaux nommés lors de leur présentation officielle à la population au moment du banquet. Ils prendront l’écharpe bleu clair l’année suivante.
Les assesseurs et vice-présidents ont un rôle d’observateurs plus qu’un rôle d’acteurs. Le roi ou le président assure la charge la plus importante, puisqu’il est le représentant principal de la fête. Un roi ne peut être réélu puisqu’il s’engage à plusieurs années d’organisation (quatre ou cinq) de la fête en acceptant son rôle de baron, de premier assesseur ou de deuxième vice-président. Jusque dans les années 1950-1960, le roi devait payer toute l’organisation de la fête ; il devait donc être choisi scrupuleusement et avoir les finances pour assurer ce rôle. De nos jours, les frais sont assurés par le comité et le rôle du couple présidentiel ou royal n’est plus de tout financer, mais ils peuvent et doivent « exprimer leurs souhaits concernant les choix des menus, des groupes de musique pour la fête, etc. » (témoignage de Beaumont-Monteux).
Ils reçoivent également chez eux des invités tout au long de l’année, leur permettant d’affirmer, auprès de la population et des autres membres, ce rôle qui leur a été attribué. Le rôle du roi ou président est important auprès du dauphin ou du vice-président, puisque c’est entre les deux que se fait la transmission.
Selon les communes, les successeurs sont choisis par le président/roi de l’année ou par les dauphins parmi les habitants de la commune. À Loriol, par exemple, le dauphin choisit son successeur. Il est parfois influencé par différents critères : ses affinités, sa commune d’origine, le quartier dont il fait partie et s’il participe à la fête. À Fauconnières, « les successeurs sont choisis par les présidents de l’année et sont dévoilés au banquet le lundi suite à plusieurs indices mettant les habitants sur la voie […] Le choix est vraiment personnel. Il peut néanmoins tenir compte des affinités avec eux et aussi avec les présidents de l’année d’avant car ils doivent à deux reprises faire un char ensemble » [témoignage recueilli à Fauconnières]. « Qu’il y ait un nouveau président chaque année met de l’entrain et les gens attendent ce moment » [témoignage de Christian Desbos, à Fauconnières, avril 2018]. Quant à Upie, le nouveau baron est choisi par le baron lui-même.
Le roi/président est toujours en tête du défilé, tandis que le Bacchus est souvent placé à la fin du cortège pour distribuer le vin. Les chansons traditionnelles (Le roi boit) ou des compositions locales (La Marseillaise des bouviers ou Il est où, le petit nouveau ?) marquent ce moment de la désignation des successeurs, durant laquelle se déroule la remise de l’Aiguillon dans la plupart des comités. Ce long bâton muni d’une pointe était utilisé par les bouviers. Objet symbolique de l’événement, il regroupe l’ensemble des écharpes des anciens présidents ou rois et est transmis chaque année par le couple royal ou présidentiel au nouveau couple. Ce dernier reçoit également une écharpe.
La passation, appelée aussi nomination ou intronisation, a lieu à différentes périodes selon les comités, mais la présentation officielle se déroule en général durant le banquet de la fête. À Loriol, elle est surnommée « la valse des écharpes » : l’échange des écharpes entre anciens et nouveaux rois, dauphins et Bacchus, se fait le premier dimanche de février. La reine accroche alors l’écharpe à l’aiguillon au nom de son époux. À Beaumont-Monteux, la passation a lieu au mois d’octobre lors de l’assemblée générale. Le Bacchus de l’année quitte alors la commission.